Les règles du rugby
J’adore l’idée qu’un jour un type ait inventé le rugby. Il faut quand même être spécialement en forme pour avoir ce genre d’idée, non ? Parce que le football, franchement, à part la règle du hors-jeu, n’importe quel enfant de cinq ans aurait pu y penser. Mais le rugby… Rien que l’idée du ballon ovale… Un ballon qui ne roule pas, avec des pointes de chaque côté…. Il faut quand même être très en forme.
Bon, un ballon ovale, admettons, deux équipes de 15, d’accord – pourquoi 15, mais d’accord – et se passer le ballon à la main pour aller l’aplatir derrière la ligne adverse, tout ça je peux comprendre. On est avec des potes, un peu bourrés, on se raconte des conneries, et là, forcément, ça dégénère.
– Ouais, et… OH !!?
– Vos gueules ! VOS GUEULES !! Y’a Riton qu’a une idée…
– Et si on dirait qu’on mettrait une ligne à 22 mètres et qu’à l’intérieur de cette ligne on pourrait envoyer le ballon directement en touche, mais que si on est après la ligne il faudrait que le ballon touche le sol avant de sortir sinon on fait un renvoi au 22 !
– Pour faire quoi ?
– Pour faire chier !
– Bon, ça, Riton !
– Qu’il est con !
– Dément !!
– Euh… Pourquoi 22 ?
– Je sais pas, c’est classe…
– Et sur le coup d’envoi, on pourrait envoyer le ballon en touche ?
– Ben non ! Ce serait trop simple… Il faudrait que le ballon ait touché le sol avant, et qu’il soit bien frappé, sinon… ben je sais pas… on fait un renvoi aux 22, hein ?
– Bon, ça, Riton !
– Qu’il est con !
– Dément !!
– Ça veut dire quoi “bien frappé” ?
– Pffft…
– Et… euh, pourquoi 22 ?
Il y a des centaines de règles au rugby qu’à peu près personne ne connaît. C’est assez formidable à suivre, du coup, comme une expérience chamanique, il faut être vraiment disponible, avoir ses chakras très ouverts. Cela fait des années que je regarde – j’y ai même joué, au Racing, mais je continue à apprendre. J’ai passé mon enfance à quelques mètres du Stade Yves du Manoir de Colombes il faut dire, et de la fenêtre de ma chambre, qui donnait sur un mur, en me penchant sur la gauche, à la limite de la dangerosité, je voyais les terrains. Aussi j’ai aimé ça, très tôt, eu envie d’y jouer, un petit peu, pas longtemps – c’est quand même assez ennuyeux de ne pas comprendre la moitié des règles du jeu auquel on joue, et puis les bains de Synthol après les matchs, les bleus ça comme, les deux yeux au beurre noir, les oreilles arrachées, ça finit par lasser.
Comme disait ce commentateur brillant à la mi-temps de France/All Blacks : si, contrairement à ce qui se passe dans le football, les rugbymen ne contestent pas les décisions de l’arbitre, c’est parce qu’ils ne savent jamais pourquoi il a sifflé.
Ce qui m’a beaucoup fait rire.
Les règles, évidemment, mais pas seulement. Il y a aussi les noms : groupé-pénétrant, maul, pénaltouche, arrêt de volée, ballon vivant, ballon mort, chandelle, rebond favorable, fourchette, mêlée fermée, mêlée ouverte, pick-and-go, up-and-under, raffut, roulotte, plaquage à retardement, renvoi aux 22… Le type qui a inventé ces noms, franchement, mériterait lui aussi le prix Nobel – même si je soupçonne fort que ce soit le même tordu.
Et maintenant il y a le haka, en plus. À mon époque le haka existait déjà, c’est vrai, mais il n’effrayait pas une mouche. Depuis gonflette et stéroïdes – je dis ça pour être désagréable, c’est devenue une espèce de spectacle pitoyable, folklorique, limite raciste, qui n’a plus rien à voir avec le sport mais fait pour la télévision. Pour information, en plus, les paroles sont à chier : “Je meurs, je meurs / Je suis vivant, je suis vivant / C’est l’homme chevelu / Qui a fait briller le soleil à nouveau pour moi / Un pas vers le haut, puis un autre / Le soleil brille”.
Tu parles d’un chant guerrier ! On en arriverait presque à préférer La Marseillaise – j’ai dit presque.
Allez, j’aime le rugby, ça va, et je souhaite que la France soit championne du monde de rugby.
Et que la gauche remporte les présidentielles.
Si ce n’est pas trop demander.
ADDENDUM/ En ce qui concerne Chantal Jouanno ou David Douillet, que ce soit clair : le seul ministre des Sports qui n’ait jamais compris les règles du rugby s’appelait Bernard Laporte… Il ne comprenait que ça, d’ailleurs… Ministre des Sports, en France, quand même, c’est du niveau.
EXCELLENT !! J’ai BIEN ri !! C’est BON de se BIEN se marrer! Donc…..Merci bien mon bon Monsieur…J’apprécie à sa juste valeur
Je viens juste de voir la photo !!! Magnifique, grandiose! Je me gausse , je m’esbaudis ! Un sans faute, donc ,pour Sieur Diastème.
Merci pour le fou-rire!
Pas de passe en avant, c’est aussi une super règle! Imaginons ça au foot, voire au relais : on passe le relais avec le bras tendu en arrière.
[…] (à la manière de Diastème, qui a commis ce chouette article sur les règles du rugby) : autre attente qui se précise […]
La succession de noms de règles me fait penser à quelques épisodes de Kamelot qui tournent autour d’un jeu de carte farfelu. Le rugby, lui, est naturellement drôle…
je n’y connais rien mais j’aime cette chorégraphie violente, et puis les mecs ont tous l’air vraiment cash. Tu as très bien décrit. David Douillet, cet espèce de gros mashmalow, d’une inculture sans limite, bon ce n’est pas de sa faute, trouve très intéressant de traiter certains sportifs, sans les nommer de pédé, de tapette, tout cela au premier degré. Supporter en plus des propos homophobes de Monsieur pièces jaunes ça craint. Ministre des sports? S.V.P que la gauche passe. Un autre phénomène névrosé et paranoïa, c’est Christophe Hondelatte, chez Ruquier, qui s’est mis à insulter les deux pauvres filles de tous les noms, parce qu’elles avaient détesté son disque et encore, Audrey prenait beaucoup de précautions. Là tu regrette la violence d’un Zemmour où d’un Nauleau, mais les femmes ont toujours droit a un traitement haineux quand elles se rebellent un tant soi peu. Une indignée ; mireillle
Très drôle ce billet, le dialogue est hilarant! Le foot, le rugby, quel sportif…
Juste excellent !!!
Iconoclaste !
Hillarant ce post ça m’a rappelé de bons souvenirs à l’école primaire où on essayait de nous apprendre le rugby. J’en suis resté au moment où il fallait faire des passes seulement derrière soi … me suis demandé comment on pouvait bien avancer de cette façon !