À travers
Je pensais à la question de Carine dans la rubrique “Doléances” – une bonne rubrique, en fait, très sous-estimée. Je pensais à lui répondre. D’autant que je venais de dîner avec Christophe, qui partait participer à ce “Marathon des Mots”, à Toulouse.
C’est bizarre comme titre, non, le “Marathon des Mots” ? Ça fait un peu “On achève bien les chevaux” (voir photo), truc d’où personne ne ressort vivant. Il me semble y avoir participé, il y a quelques années, mais je ne suis plus très sûr, au bout d’un moment tout se mélange. Toulouse, Toulon, Limoges, Clermont, Grenoble, Nancy… Marathon des mots, Salon du livre, Escale du livre, Fête du livre, Livres en fête… Toujours les mêmes hôtels Ibis, les mêmes kirs de bienvenue, mêmes pass et mêmes colliers, mêmes dîners de clôture, mêmes maires, mêmes adjoints à la Culture, même boites de nuits, mêmes écrivains bourrés, mêmes dragues lourdingues, mêmes gueules de bois.
J’ai connu ça un peu, il y a longtemps, depuis je ne fréquente plus. Le “milieu de la littérature” cela s’appelle. Je n’en fais pas partie, pourtant je suis écrivain, aussi, mais non. Je préfère rester à la marge, avoir une vue d’ensemble, je préfère passer à travers. Ce n’est pas joli à voir, franchement, le milieu de la littérature. Même si j’espère, pour Christophe et pour toi, Carine, que ce “Marathon des Mots” va très très bien se passer, que cela sera sympathique.
Quant à la lecture de mes textes, je ne sais pas quoi te répondre. Cela m’est arrivé deux trois fois, je me souviens avoir lu 107 Ans quelque part, et Hammam au Festival d’Avignon. Je n’ai pas détesté faire ça, ne crois pas avoir été spécialement pathétique, mais je préfère quand ce sont des acteurs qui le font et qu’on appelle ça du théâtre. Je sais qu’à Toulouse, Anaïs va lire un texte de Christophe, je suis sûr que cela sera formidable.
Je ne méprise pas les festivals, les salons, les escales, qu’on me comprenne bien, je suis pour que les gens lisent, tout faire pour les convaincre, et j’adore cette idée que certains se démènent des mois durant pour organiser ces manifestations, cela peut juste être pesant, des fois, cela peut lasser à force. Il faut laisser ça aux jeunes, ceux qui débutent, ceux qui y croient, comme au cinéma le court-métrage.
Aller à un festival de courts-métrages, par exemple, cela peut me donner envie de mourir. Même voir un court-métrage cela peut me donner envie de mourir. Pourtant j’y vais, j’en vois – la semaine dernière encore, cette belle projection en plein air devant l’église de Ménilmontant – et j’en sors les trois-quarts du temps ravi. Seulement l’idée… Le milieu de la littérature ressemble beaucoup à celui du court-métrage, ça donne un peu envie de mourir. On sent la frustration, l’envie, l’aigreur. Pas toujours mais souvent. Cela sent le kir, oui, mais cela sent surtout l’envie de Champagne.
Si je pense à ça, aussi, c’est que je rentre d’une soirée “Serge”, le milieu de la musique. Un autre milieu, pas forcément plus ragoûtant, mais plus rock’n roll et joyeux, que je connais bien aussi. On n’y boit que de la bière, on théorise assez rarement, on n’y chie pas tellement sur les autres. C’est un des milieux que je préfère, pour une soirée disons.
Sinon il y a celui du théâtre, que je connais le mieux. Un milieu à deux vitesses, comme celui du cinéma. Celui des petits qui rament, celui qui gros qui fument. Sous-ensembles peu amenés à se croiser. Je connais les deux, ne fais partie d’aucun. Mais j’observe, j’aime observer, c’est mon métier. J’ai fait un film, d’ailleurs, je crois, sur le sujet. Dans ce film ils se croisaient, à Avignon, mais c’était une fiction.
Je connais tous ces milieux, littérature, musique, cinéma, théâtre. On me pose souvent la question, d’ailleurs, ce que je préfère faire, des pièces, des films, des chansons, des romans ? C’est une des questions les plus connes que je connaisse. Alors je ne réponds pas. Si je suis de bonne humeur je rigole, je diverge, je trouve une vanne, si je suis de mauvaise humeur je soupire. Dans tous les cas je passe à travers.
ADDENDUM/ Le titre de cette chronique est celui d’une de mes chansons préférées d’Alex Beaupain, qui faisait partie de notre petit spectacle avec Kéthévane et Valentine, Tout ira bien. “Je t’espère, à travers / Toi devant, moi derrière / Quant au milieu / Qui s’y trouve importe peu”.
Tu, as l’air très en forme, très drôle, tu as oublié le milieu des fashonistas, comme on dit aujourd’hui. Le nouveau look deJohn Galliano, sombre mais avec un vrai visage humain, tout le botox est retombé en rehab, mais il est devenu amnésique. je l’aime quan d même, il a l’air de souffrir, c’est à la fois une réjouissance pour les gens en général, oublient, les insultes, le fric , il souffre, il n’a plus de boulot, le pauvre…..les gens qui me plaisent le plus, c’est les réalisateurs de cinéma et le milieu de la danse,, malgré qu’ils ont tout le temps devant tdes miroirs, ne sont pas narcissiques. Noureev, si tu savais comment t’y prendre était cool et à 10.OOO km de l’odieux personnage qu’il pouvait être. Les festivals de c ourt-métrage me font mourir, les festivals, de cinéma, j’adore, Cannes, B.erlin Ve nise, Sundance et Rotterdam, je les ai tous pratiqué. Rotterdam de loin le plus sympa., tTu croises des gens qui ont envie de faire de vrais rencontres. Pas du tout bling bling. Mireille
A Nancy c’est « Le livre sur la place » ! 🙂
A Toulouse, il existe une famille que tu connais depuis de longues années. Alors si le marathon des mots te tente, finis l’Ibis.
Merci de votre réponse.
J’ai souri et pensé à vous à la 1ere question posée à Mr Honoré.