Une scène (#2)
— Tu pleures ?
— Non, je fais un exercice avec mes yeux, pour voir si mes glandes lacrymales fonctionnent !
— C’est moi qui te fais pleurer ?
— Arrête.
— Ça me fait plaisir de te faire pleurer, c’est chouette.
— Je te jure que je vais t’en remettre une !
— Tu savais que les projos Versatile de chez Coemar se louaient 22 euros la journée ?
— Je…
— Je dis ça je dis rien.
— Ok.
— L’autre jour, j’étais en scooter, et j’ai vu une fille qui te ressemblait à la terrasse d’un café. Je me suis rapproché, et c’était toi… Dingue, non ?
— Il faut que je m’en aille, je me lève tôt.
— C’est bien de se lever tôt, on ne se lève jamais assez tôt. L’idéal c’est de ne pas se coucher, comme ça on est tout de suite debout.
— Je t’appelle demain.
— Attends, attends ! J’ai… Enfin… Il faut que je te parle de quelque chose, quelque chose de très important…
— Quoi ?
— C’est une chose qui peut changer ta vie, que seules quelques rares personnes savent, une chose qui se transmet uniquement par voie orale, de générations en générations, depuis que le monde est monde… Un secret…
— Quel secret ?
— Il faut que tu saches qu’après avoir entendu ce secret, tu ne seras plus jamais la même, que cela te transformera inéluctablement…
— Mais DIS !!
— Ah non, non, si tu es énervée je ne peux pas te le dire, il faut que tu sois réceptive pour l’entendre, détendue…
— Je ne suis pas énervée !
— Retire ta culotte, je vais un tout petit peu te lécher, ensuite tu seras bien détendue et comme ça tu pourras entendre.
— Je m’en vais, je suis partie.
— Tu ne veux pas entendre mon secret ?
— Tu me le diras plus tard.
— Tu ne veux pas te faire lécher ?
— À demain. (elle se lève)
— J’VEUX PAS QU’TU T’EN AILLES !!
— Mais ça va pas de crier comme ça !
— J’VAIS CASSER LES MURS, CASSER LA PORTE, ET BRÛLER TOUT ICI J’TE L’JURE !
— Mais arrête, t’es cinglé !?
— ARRACHER LES VALISES QUE T’EMPORTES, AVEC MES LETTRES OÙ J’PLEURAIS DUR !
— Tout le monde nous regarde ! ARRÊTE !!
— J’arrête.
— (se rasseyant) Écoute…
— Michel Jonasz, troisième album, “J’veux pas qu’tu t’en ailles”. 76 ou 77 je dirais.
— Il faut que tu comprennes que…
— Je t’aime.
— Quoi !? Non mais…
— Je t’ai dans la peau, y’a rien à faire, obstinément tu es là. J’ai beau chercher à m’en défaire, tu es toujours près de moi.
— Qu’est-ce que…
— Je t’ai dans la peau, je te dis ! Y’a rien à faire, tu es partout sur mon corps. J’ai froid, j’ai chaud, je sens la fièvre… sur… ma… peau.
— Ça y est ? T’as fini ?
— (vite) Après tout je m’en fous, de ce qu’on peut penser, je ne peux pas m’empêcher de crier. Tu es tout pour moi, je suis intoxiqué, et je t’aime, je t’aime à en crever. Je t’ai DANS…
— ARRÊTE !!
— J’arrête… (un petit temps, il boit une gorgée de vin blanc, elle aussi) C’est beau “obstinément tu es là” non ?
— Si.
— L’amour est une aventure obstinée.
— Je… ne sais pas…
— Je t’ai coupé la chique, là ?
— Un peu.
ADDENDUM/ L’impression que la page “Doléances” va être remplacée par une autre sorte de page… Ne sais pas quoi encore, non… N’hésitez pas à envoyer vos idées à l’adresse du Général Tioum: Général Tioum, blog “En Beauté”, page “Doléances”.
Il y a une petite faute de grammaire mais il faut bien la « chercher » 😉
Je préfère cette partie 2 à la partie 1 :
D’avantage envie de rire et moins envie d’en prendre un pour taper sur l’autre… Hâte de lire la suite.
C’est rafraichissant la lecture de cette scène depuis le fin fond d’un Bataclan surchauffé. Une bouffée d’air…
l’amour est une aventure obstinée, c’est d’une justesse et d’une tristesse inouie. On vous dit toujours lacher prise, mais qui ose lacher prise en amour, de peur que la prise vous revienne sur la gueule. Toi. j’aime ça.
je t’ai « coupé » la chique pas « coupée » .