Canneries
Il y a deux ou trois choses qui m’obsèdent en ce moment. La plus légère d’entre elles est trouver une idée pour ce blog. C’est un exercice épuisant, l’œil et l’oreille sont aux aguets, repérant toute incongruité, tout sentiment contradictoire, tout événement grave ou comique, tout sujet putatif.
J’ai donc passé deux jours à Cannes, deux jours à chercher un sujet. Rien ne venait. Sensation de rabâcher, d’avoir déjà couvert tout ça, de ne rien trouver d’original, qui vaudrait qu’on s’en préoccupe, qu’on biffe ou qu’on encercle.
Cannes, quoi. De la drogue et des putes. Des télés et des cosmétiques. Des flics et des mauvais acteurs. Des teubés détachant leur échelle pour la montée des marches du soir. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.
Je cherchais quelque chose, une idée, une image. Et puis l’image est venue.
Cela faisait deux heures que nous étions coincés dans cette salle, dans nos beaux costumes noirs, avec nos beaux nœuds papillon, nos belles chaussures cirées. Deux heures que nous assistions sans broncher à cette cérémonie de clôture. Rien pour Aki Kaurismaki, rien pour Nanni Moretti, rien pour Pedro Almodovar, rien pour ces génies-là. Sensation d’injustice et de honte, qui grondait, envie de filer des baffes, que cette émission s’arrête. Envie de fumer une clope, de oindre ses nervures, avant d’enfin – ENFIN ! – voir du cinéma dans cette salle, voir le film de Christophe, voir “Les Bien-Aimés”. Que Robert de Niro s’en aille, qu’il aille talking to qui il veut mais ailleurs, il est gentil. Il faut partir maintenant monsieur. Il est tout pourri ton palmarès, va jouer plutôt, puisqu’au moins ça tu le fais très bien. Et puis libérez-nous ce plateau, faîtes tomber le grand écran, et taisez tous un peu vos gueules.
Connement colère, j’étais. Pardon.
Je me suis excusé auprès de mes voisines non-fumeuses, et je suis donc sorti de la salle, comme mille autres personnes, afin de pouvoir fumer avant le film. Une espèce de garde républicain m’indiqua qu’on ne pouvait pas s’extraire du palais, que tous les accès étaient bloqués, mais que je pouvais aller sur la terrasse. J’avançai dans la foule, vers le lieu qu’il m’avait indiqué, quand je vis l’espace fumeur en question, une petite terrasse, oui, cent mètres carrés tout au plus, avec trois cents personnes entassées, tous en smoking ou robe du soir, tous tirant sur leur clope, les coudes collés au flanc, ensardinées. “Pardon”, “excusez-moi”, “oui, attendez, je sors, je vous laisse passer”. Plein de vedettes étaient là, racrapotées autant, agglutinées itou, avalant leur bouffée vite et fort. Je suis passé en sortant les épaules, il fallait moi aussi que je fume, laissez-moi mes dix centimètres, donnez-moi mon espace vital, vite parce que le film va commencer ! “Toi t’as fini alors dégage !”
Mais quelle honte ! Quelle humiliation collective ! Quel dégoût pour moi et les autres ! Quelle bande de pauvres junkies minables !
L’image était vraiment comique, elle ne m’a pas fait rire du tout – mais j’étais énervé il faut dire. C’est là que j’ai vraiment décidé, décidé d’arrêter de fumer, ne plus être un adolescent, et regagner ma dignité. J’ai tiré mes trois lattes vite et fort, en me cognant à Leila Bekhti, j’ai pris ma dose, et je suis ressorti de cet enfer.
Un de mes amis avait coutume de dire qu’on n’était jamais vraiment libre dans la vie tant qu’on ne savait pas réparer une fuite. Je ne sais pas réparer une fuite, j’ai besoin de quelqu’un pour le faire. Mais je peux arrêter de fumer, je peux ne plus avoir si honte. Juste avant de partir à Cannes, cela tombe bien, Ludivine m’a commandé une “cigarette électronique”, ce petit machin en plastique, avec le bout rouge qui s’allume, la dose de nicotine dedans. Je vais avoir l’air assez con, cela est sûr, mais je serai un peu plus libre. C’est mon nouveau défi dans la vie, ma nouvelle obsession. Ça et donc deux trois autres.
Je vous tiens au courant du carnage.
ADDENDUM/ Quand les lumières se sont rallumées, après la projection du film, après “Les Bien-Aimés”, la salle entière était en larmes. Catherine Deneuve pleurait, je voyais ses yeux rougis, les siens et ceux des autres. Le festival était terminé, il n’y avait plus de télés, plus de palmarès, plus de promo, plus de critiques, plus de tintouin. Il n’y avait que des milliers de personnes en larmes dans une salle de cinéma, qui se sont mises à applaudir, pendant près d’un quart d’heure, debout, en larmes, qui se sont mises à crier, “bravo”, “merci”, “bravo”. Le reste est parti en fumée.
Une semaine avec la cigarette Econoclope
ça l’fait la fumette Narguilé !
Plus d’odeur. Plus de trottoir. Plus de cendrier dans la bouche … (et fumer en régie … Mmm c’est trop bon….)
Vas y Diasto !! on est avec toi !!!
Bizzzz
Anne
C’est vrai que c’est assez obsessionnel l’écriture de blog, mais c’est le propre de l’écriture en général non?
T’embrasse.
J’ai arrêté le tabac depuis 7 mois grâce à la cigarette électronique et j’en suis fier.
Je dois simplement dire à ceux qui sont intéressés par le concept qu’il faut faire bien attention au choix de son matériel car il doit être adapté à chacun, et que beaucoup existent.
Un forum de discussion français, sérieux, m’a beaucoup aidé à mes débuts, je me permets donc de le citer ici : http://www.forum-ecigarette.com
Au plaisir de vous y croiser.
Cordialement
Monsieur,
Votre article m’a vraiment bien talking to me.
La pute, la drogue, les projections, la remise des prix, les ta gueule, les belles chaussures et les robes décolletées, je connais en version festival de Cannes de la publicité.
J’arrête aussi de fumer, j’ai trouvé une méthode. Celle de Mark Twain qui a dit : « Cesser de fumer est la aisées qui soit. Je sais ce que c’est : je l’ai fait cinquante fois ».
Pour arrêter la clope donc, lisez « Dompter la bicyclette et autres déboires » de Mark Twain, il ne parle pas de cigarette mais de machine à écrire, d’économie politique et de bicyclette.
Au revoir Diastème, et adieu Dunhill bleue.
Sophie.
Le blog de Diastème comme espace d’échanges des tabagiques anonymes : la vie est pleine de surprises!
Bien, bonne décision d’arrêter de fumer. Cannes si tu n’est pa protégé par ton garde corps où ton amoureux, c’est insupportable, j’était pourchassé par ce pauvre Samy Nacéri, qui fut mon voisin, quand je vivais à Boulogne, paisible , discret gentil. N’exagérons pas, le plamarés de de Niro et de « assayas » n’était pas pire que l’année dernière. As tu vu le Amodolvar, son plus mauvais film. J’ai eu la chance de passer un peu de temps avec Thilda Swinton, cette femme est un, bonheur absolu magnifique actrice, douce, mystérieuse, chaleureuse, te fait vite oublier toutes les pétasses et pseudo actrice de la planète.
ou arrêter ce blog.
Ca me rappelle la grande époque de libé, sauf que là, il y avait des grandes plumes quand même. Ils allaient voir un film et nous parlaient de leur mal de pied ou des bouchons à Paris et le film, bof.
Ca sent l’aigreur ce papier et effectivement le: « j’ai rien à dire ».
Avec le couplet, « des mauvais acteur, un jury pourri, De Niro nul etc… »
Et va te coucher le génie inconnu.
Ça sert à quoi de faire des com’ sur un blog où l’auteur répond pas au com’ ?
Un peu comme parler à Dieu, vous avez tous l’air con.
Evitez.
S’il vous plaît mon Dieu, j’en ai marre de mes voisins.
Mouais et moi je vois pas l’intérêt de lire un blog si vous ne l’aimez pas bon sang!
C’est vous qui êtes aigres. Allez donc créer un blog vous-même au lieu de défouler votre frustration ici.
Bon et pour la clope électronique moi j’en suis à ma deuxième semaine, même si je fume encore quelques vraies cigarettes tous les jours.
J’aime beaucoup. M’en fiche d’avoir l’air con.
Une petite fumée douce et sucrée, qui ne sent pas mauvais, l’idée de se dire qu’on se fait plaisir sans bousiller sa santé… je ne lui trouve que des qualités à ma e-clope.
Dans quelques temps, beaucoup de gens s’y seront mis, on pourra s’en procurer plus facilement et tout ceci n’aura même plus rien d’original.
Un petit article sur la clope électronique? Diastème a testé pour vous : la fumette 2.0