La Paix dans le monde (7)
Mercredi 12 février prochain, suite à la représentation de LA PAIX DANS LE MONDE, se tiendra une rencontre avec les spectateurs organisée par la Manufacture des Abbesses. Cela s’appelle “Bord Plateau”, et nous y discuterons de la pièce avec Frédéric Andrau, Emma de Caunes et Philippe Grimbert.
Je ne suis généralement pas très friand de ce genre de raout – je n’aime pas trop parler de mon travail, et ma place, au théâtre, ne sera jamais sur scène, mais en salle, en régie, en coulisses, et cela me va très bien.
J’ai évidemment beaucoup pratiqué l’exercice, avec les livres, avec les films, avec les pièces, et je le pratiquerai encore – cela fait partie de mon métier, et je sais que d’autres adorent ça, je ne juge pas, mais moi je n’y prends pas beaucoup de plaisir, cela ne me flatte pas spécialement, mon plaisir n’est pas là. Il est dans le regard des spectateurs, à la fin de la représentation, il est dans les silences ou les rires dans la salle, le bruit d’une salle qui sourit, il est dans l’écoute – comme celle, unique, que nous avons avec cette pièce depuis maintenant plus de six mois, que je n’ai jamais connue à ce point.
Ce que j’aime, dans les rencontres, ce n’est pas qu’on me pose des questions, c’est que les gens me racontent leurs histoires – pourquoi cette pièce, ce livre, ce film, les touche personnellement.
Ce que j’ai vécu de plus bouleversant, et instructif, dans ce domaine, c’est quand je suis allé présenter UN FRANÇAIS dans les festivals internationaux, dans plein de pays qui me semblaient vraiment très étrangers. Ces histoires de gens lointains – frappés pourtant par cette même peste, et qu’ils me racontaient, souvent en larmes. Ça, oui, j’ai aimé ça. Ce côté semblable. Et j’ai beaucoup appris de ça. Et ce qu’on m’a raconté, d’ailleurs, est une des bases de mon prochain film. Cela m’a sans doute convaincu d’y retourner.
J’ai un autre souvenir de rencontres magnifiques, c’était à Bruxelles, au théâtre 140, où nous jouions 107 ANS avec Fred une semaine. C’était il y a presque quinze ans, Jo était encore vivant, pleine forme, il nous ramenait tous les soirs en voiture, après beaucoup beaucoup de vodkas, et tous les soirs les spectateurs restaient, et les spectateurs nous parlaient, pas sur la scène, au bar – j’en garde des souvenirs incroyables. Des histoires incroyables. J’ai adoré le 140, avec Jeanne et LA TOUR DE PISE, avec Fred et 107 ANS, avec LES JUSTES. Les belges sont des spectateurs magnifiques. Et Jo Dekmine était un grand monsieur.
Ce mercredi 12 février prochain, ce sera une autre histoire. Toute aussi bouleversante. Voir réunis sur scène, pour un soir et en vrai, vingt ans après, mon Simon, ma Lucie, eux plus Philippe Grimbert, pour qui j’ai la plus grande estime… Ce devrait être une belle soirée.