Un Français (7)

AL_00-37372__2J’ai reçu ce matin chez mon agent une adorable lettre de quatre pages qui commençait par Votre film de caniveau et finissait par Crève salope ! Partant du principe que c’était la première fois que l’on me traitait de « salope », j’ai trouvé ça intéressant.

Au milieu – j’avoue que j’ai eu un peu de mal à déchiffrer tant l’écriture semblait nerveuse, j’ai décelé quelques mots comme « arabes », « noirs », « juifs » ; à un moment, enfin je crois, « trotsko-fasciste » et puis après « andouille-marxiste » – dont le style m’a paru plus osé. Cela faisait deux ou trois jours que personne ne m’avait insulté et je commençais à m’inquiéter. Ah, ça va mieux, me suis-je dit, les affaires reprennent. Ensuite j’ai pensé à Renaud – à cause du Crève salope !, oui, et j’ai de nouveau été triste. Cet homme me manque beaucoup, mais là n’est pas le sujet.

Hier, ou avant-hier, j’ai écrit un texte vraiment pas terrible – j’y parlais de carapace, de distribution, de critiques, de Libération (paragraphe rageur et méchant – notamment quand j’expliquais que ce blog avait bien plus de lecteurs que ce journal) (pouf pouf) (avec quand même des passages drôles, dont cette comparaison avec Infos du Monde, rapport à sa nouvelle maquette et son nouveau contenu) (pouf pouf). Je crois que j’y citais Tom Waits, que je parlais d’AlloCiné (ces zéros compulsifs de spectateurs Crève salope ! qui commencent vraiment à me faire rire), mais aussi de Mathieu Lindon, Florence Aubenas, et du grand Jean-Louis Le Touzet. Il y avait aussi une petite dose sur un monsieur qui tient un blog abrité par Le Nouvel Obs, journal qui a aimé mon film – et dont j’ai pris le plus grand plaisir à rencontrer enfin son critique-cinéma vedette – mais qui voulait également publier mon blog, et à qui j’ai expliqué, en somme, que cela n’était même pas en rêve à cause notamment de ce monsieur, et cette phrase est très compliquée et chiante, et cette explication, encore, m’ennuie terriblement. Preuve que ce papier était mauvais, et quelqu’un que j’aime me l’a dit.

Je ne saurais donc, là, maintenant, essayer d’analyser cette histoire, cette aventure, ce qui se passe avec ce film. Cela va me rester longtemps, oui, et cela est loin d’être fini. Le film a gagné cinq salles cette semaine, nous avançons, nous nous battons, ça continue… La seule chose qui importe vraiment, la SEULE, c’est ce que les gens me disent, ce que les gens m’écrivent, sur Facebook ou ailleurs, ce que les gens ressentent. Du métier ou pas du métier, des amis ou des inconnus, qui m’écrivent, çà ou là, qui témoignent, qui racontent. Des histoires, des sentiments, des émotions. Mon seul métier à moi, et j’en suis tellement fier, c’est de raconter des histoires, de créer des sentiments, des émotions. J’ai dit le contraire il y a très peu, mais je m’en moque : c’est incroyable, c’est magnifique, c’est le plus beau métier du monde.

Thunder Road !


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14 commentaires

  1. Nicolasacco dit :

    Amen

  2. Xiep dit :

    Une bonne nouvelle pour vous, Serge Ayoub a aimé votre film…

  3. haly dit :

    bonsoir, je viens de voir votre film, que je trouve tres beau et tres juste. je n’ai pas l’habitude de laisser des commentaires, mais je voulais vous dire tout mon soutien. je trouve cela courageux de faire face a tous les obstacles auxquels vous etes confronte. les acteurs sont sublimes, l’acteur principal est dingue de talent (cette premiere scene dans le bus avant la pharmacie..ouah.)le propos n’est pas moralisateur, c’est «  »juste » » l’histoire d’un homme qui change, qui grandit et c’est la je trouve que se trouve votre justesse. j’espere que beaucoup de gens iront voir votre film et j’espere que vous continuerez a faire des films. bravo en tout cas, et merci. les gens qui ont « peur » de diffuser votre film ont tort, quelles que soient leurs raisons. je ne les comprends pas.

  4. Richard dit :

    Je me joins aux commentaires de haly (21 juin). En prime de larges traces d’humour à commencer par le titre. Longue vie à cette oeuvre d’abord artistique dont on n’a pas fini d’analyser les astuces du tournage au montage, … à votre talent et à celui de vos amies et amis. Désolé pour la grandiloquence mais faut ce qu’il faut pour espérer une suite.

  5. antoine dupont dit :

    quand Un Français sera mis sur le net

  6. Xiep dit :

    Libération a fracassé le, film… le torchon brûle chez les bobos

  7. Seb dit :

    Bonjour,
    J’ai la chance d’avoir vu votre film dans une salle du Var, département gangréné par le FN et leurs idées nauséabondes.
    Je suis militant syndical à la CGT et j’aimerais organiser une projection militante de votre film autour d’un débat (avec vous) car ma confédération lutte au jour le jour contre les idées de l’extrême droite.
    Plus d’infos et d’échange en message perso ?
    Cordialement.

  8. Koopa Troopa dit :

    « je suis un militant de la CGT ». Traduction : un larbin du capital.

  9. Lili dit :

    Je viens de voir votre film  » un français « . Cela fait bien longtemps que je n’avais pas vu un film français aussi bon et intéressant…

    Bravo à vous et aux acteurs !

  10. antoine dupont dit :

    quand un français sera sur le net

  11. laurent larue dit :

    oui c’est vrai quand un français sera dispo sur internet

  12. jeremy dit :

    bonne question

  13. jb dit :

    je viens de voir ce film

    je précise, j’habites vitrolles et j’ai connu l’époque #megret, dps, les guegerres fn light/ dur

    je n’ai pas été dérangé, par votre film

    le fn est toujours présent à vitrolles , et il cartonne

    un membre du fn me fait penser au personnage principale de ton oeuvre ,

    il aurait ‘changé’ et siège à la ville de #vitrolles ainsi que d’autres 5 membres de l’équipe megret

    je n’oublie pas les ratonnades, et les intimidations

    j’étais au ps, ce ps est devenu rose brun

    je souhaite que marine le pen arrive au pouvoir, et l’on verra que c’est un enfumage

    le fn occident etc je les combattrais mais nos institutions leur donnent la parole, ils s’autodetruiront d’eux mêmes

    je n’oublie pas les connivences entre l’extreme droire et l’extême gauche.

    roland dumas allais bien au chateau

    bien à vous

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