Ciné-club
On me rereparle de cinéma, alors je reregarde des films. Je pense à Christophe et ses lions, son temps pluvieux, ses biches obèses, j’irai sans doute avant la fin. J’ai regardé Cannes, via internet, mais peu de films ai eu envie de voir. N’aime plus rien, la tannée, ne crois jamais ce qui est écrit. Et puis là, coup sur coup, quatre films exceptionnels, magnifiques. Voulais vous en parler, comme je faisais quand j’étais jeune, que c’était un plaisir immense, un privilège, de voir les films en copies neuves, deux mois avant, sans pub ni bandes-annonces, sans corn flakes, sans téléphone portable, de pouvoir fumer en les regardant, dans une salle de vrai cinéma, avec des vraies bobines, comme celles que j’ai encore chez moi.
Obstinément, obstinément.
Margin Call le premier s’appelle, et c’est très très très très très bien. Réalisé par J.C. Chandor, un type brun avec une casquette, qui a présenté à Cannes un film avec Rodert Redford dont tout le monde eut l’air de se branler – mais je me méfie, je ne raterai pas. Ce type a un talent inouï, et pourtant il porte une casquette. Le film parle de la crise financière, il se passe en une nuit, et c’est tout ce qu’il y a besoin de savoir, sinon ce que c’est lui qui l’a écrit, ce qui est rare aux Amériques.
Et restons-y. Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow. Scénariste : Mark Boal, qui avait déjà commis Démineurs, son film précédent, une somptuosité. Cette femme est un génie (et je ne fais pas partie des adorateurs de Point Break, non), elle se bonifie avec l’âge, comme Jane Campion je trouve, grandes grandes grandes réalisatrices. La quête de Ben Laden par les Etats-Unis, voilà le résumé court, incarnés par Jessica Chastain, que je ne connaissais pas bien (je ne suis pas allé au bout du dernier Terrence Malick, qui lui ne se bonifie pas, et pourtant je l’ai adoré). Immense actrice, Jessica Chastain, qui devrait comme les vraies actrices ne jamais monter les marches, faire de la publicité, se montrer dans les soirées à la con. Rien n’est jamais plus moche qu’une actrice qui monte les marches, qui fait de la publicité, ou qui pose dans une soirée à la con.
Barbara, ouh là, film allemand, de Christian Petzold, que je ne connaissais pas non plus. Avec une autre comédienne immense, Nina Hoss. Un film magnifique, vraiment, un réalisateur fin, rare, histoire superbe, celle d’une femme, docteur, soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest dans le Berlin-Est de 1980. Histoire très simple, très belle, touchante. Caméra et acteurs magnifiques. Bravo.
Un film français enfin, un film français seulement. Journal de France, de Raymond Depardon. On ne présente plus mais on respecte, et ce film est un long respect, celui envers un artiste formidable, bouleversant, un film lent qui vous attache, vous procure tant de sensations, de sentiments, avec un petit plan de notre Sylvie qui m’a fait bien plaisir.
Voilà les quatre magnifiques. Sinon j’ai vu aussi le dernier Woody Allen, To Rome with love, et je n’ai vraiment pas détesté, je devais être de bonne humeur, et Le Silence des ombres, de Björn Stein et Måns Mårlind, des Suédois, donc, ambiance The Killing (version danoise, chef-d’œuvre absolu), mais avec Julianne Moore et Jonathan Rhys Meyers. Absolument effrayant film, de genre, très très très beau à voir, mais qui est censé faire peur donc ça va. Les nordiques sont les nouveaux coréens. Il faut juste accepter, et admettre, qu’ils sont en ce moment vraiment meilleurs que nous. Et je pourrais vous dire pourquoi, comme d’autres, mais restons là sur le plaisir.
À suivre, sortir, que je ne raterai pas: Frances Ha de Noah Baumbach (voir belle affiche), coscénariste de La Vie aquatique et réalisateur du magnifique Greenberg ; et Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen, le monsieur de La Merditude des choses, qui a beaucoup de talent je crois. Et d’autres encore, j’espère.
Toutes ces belles choses.
Obstinément.
L’amour est une aventure obstinée.
Il y a quelques jours, quelqu’un que je ne connaissais pas m’a parlé du Bruit des gens autour. Il m’en a parlé joliment, ça m’a ému. Et puis les lions, les biches obèses…
Je crois que j’ai envie, ça y est, vraiment, de refaire du cinéma.
Cher Monsieur Asté (Diastème):
Je vous avais rencontré brièvement sur le tournage Du Bruit des Gens Autour. Vous m’aviez même fait tourner en tant que silhouette.
Puis j’ai dû partir en mission en Afrique car j’étais dans le paramédical.
Je voudrais savoir si vous aurez d’autres projets de film.
J’avais publié quelques histoires et j’espère en écrire d’autres. J’aimerais collaborer en tant qu’écrivain.
Je reste à Nice pour le moment et si vous venez dans le sud je vous invite à me contacter au
Alors alors, t’as pensé quoi de Frances Ha et le Van Groeningen ?