La cuisse de Marcel Aymé
Je ne suis pas superstitieux. Du tout. Pourtant, mes premières années de théâtre, je portais toujours un bonnet noir lors des représentations de mes pièces. Je l’avais porté le premier soir, cela s’était bien passé, du coup je l’avais gardé. On ne change pas une équipe qui gagne.
Un soir – des années plus tard, sur une autre pièce – j’ai retiré ce bonnet, ou peut-être l’avais-je oublié. Rien d’anormal n’est arrivé, le spectacle s’est passé sans embûches. Aussi j’ai laissé tomber ce porte-chance, et me suis libéré de ce gri-gri laineux et assez moche en plus.
Avec mes comédiens, cela était la même chose. J’avais des rituels. Ceux-ci changeaient selon les pièces, selon les comédiens, mais j’instaurais toujours une espèce de routine, leur disant toujours la même phrase, les embrassant au même endroit, cinq minutes avant qu’ils entrent en scène. Je me revois courant, dans des loges inconnues, dans des salles inconnues, en tournée, façon Spinal Tap, pour surtout toucher la main de Jeanne, Fred ou Emma, tandis que l’annonce portables se faisait dans la salle.
Mais je ne suis pas superstitieux.
Le soir de la première d’Une Scène, je suis allé fumer une cigarette sur la petite place en face du Ciné 13, regardant d’assez loin le public qui entrait – je me cache toujours quand les gens entrent, je regarde ça de loin, et puis j’aime être seul, je n’aime pas beaucoup qu’on me parle, ni un quart d’heure avant, ni un quart d’heure après.
La place s’appelle Marcel Aymé. Jean Marais a vécu ici. Sur le mur à coté de son immeuble, il a d’ailleurs sculpté une statue de Marcel Aymé, bronze de l’auteur sortant du mur en hommage à son Passe-Muraille (voir là). C’est assez beau, et assez drôle, tous les touristes viennent l’admirer, se prendre en photo à côté d’elle. Un matin, avant d’aller répéter, nous sommes allés avec Andréa et Julien se prendre en photo nous aussi à côté de la statue. Ce qui était assez grotesque – et qui nous a bien amusé.
Ce mercredi 11 janvier 2012, donc, à 18h45 précises, regardant le public entrer, je me retourne vers la statue et, pour une raison qui m’échappe, je touche la cuisse de Marcel Aymé, sortant du mur. Puis je descends voir mes comédiens.
Julien est en bas, il fait ses exercices, je l’appelle, lui dis : “J’y vais, à tout à l’heure”, puis je passe devant Andréa, se concentrant dans le noir, dans la loge rapide, et lui fais un baiser sur la tête. Pas de rituel, plus de routine, pas de mise en scène ridicule du moment. Ils savent ce qu’ils ont à faire, et ils savent que je les aime, que j’ai confiance en eux.
Je m’installe dans la salle, le spectacle commence.
Tout s’est très bien passé.
Les trois soirs qui ont suivi, vous allez rire, j’ai touché la cuisse de Marcel Aymé, puis j’ai dit à Julien : “J’y vais, à tout à l’heure”, et j’ai embrassé Andréa sur la tête.
Mais je ne suis pas superstitieux.
ADDENDUM/ Quoi vous dire d’autre ? Venez au Ciné 13, du mercredi au samedi, 19h. Venez un peu plus tôt – nous commençons à l’heure, et allez admirer la belle statue de Jean Marais, toucher la cuisse de Marcel Aymé.
PS/ Photo Andréa Brusque et Julien Honoré dans Une Scène © Richard Schroeder
J’aime aussi beaucoup cette place et je me suis souvent arrété devant cette sculpture. J’ai très honte de n’avoir pas su avant la lecture de votre article qu’elle était de la main de Jean Marais.
Vivement le 8 février, date pour laquelle j’ai réservé pour aller au ciné 13!
Une très belle photo, qui en dit long…
Et les autres, on les voit où?
Voici donc une critique publiée dans « les trois coups.com », ce lundi 23 janvier 2011, par Aurore Krol.
(ce n’est pas de moi donc, mais c’est bien quand même, c’est même mieux pour vous).
L’article est là http://www.lestroiscoups.com/article-une-scene-de-diasteme-critique-d-aurore-krol-cine-13-theatre-a-paris-97728894.html, avec une belle photo (pléonasme) de Richard Schroeder
Mais vu que les liens internet sont aussi capricieux que les voies du Seigneur sont impénétrables, je vous copie colle l’article.
Bonne lecture!
EN CORPS ET ENCORE, PASSIONNEMENT
Un homme et une femme, un couple au bord du gouffre, sont en train de se déchirer, dans un bar. Le ton est donné dès les premières secondes d’un scénario à la limpidité fracassante. Les visages bouleversés des deux acteurs, dès leur entrée sur le plateau, indiquent presque mieux que les mots la tension et la lassitude de ce rendez-vous obligatoire, cette épreuve imposée à toute histoire à la dérive.
Elle est comédienne, lui est metteur en scène. Pour se faire une scène en public, on ne pouvait rêver mieux. Les répliques se mettent vite à fuser, le vertige de la perte s’associant à l’amertume et à la rancœur. Ça a le parfum des lendemains de fête migraineux et ça se situe sur le fil d’une discussion de la dernière chance. Tout peut basculer d’un instant à l’autre dans ce numéro d’équilibristes fragiles, pour un détail, une phrase qu’on ne dit pas. Ainsi revenus de tout, peuvent-ils encore se souvenir, peuvent-ils encore se retenir ?
Les scènes de ruptures sont vieilles comme le monde, les répliques qui les accompagnent sonnent souvent comme des maximes universelles. Elles ont la beauté de la perte et l’urgence de tout ce qui est en bout de course. Surtout, elles traduisent ce moment crucial et irréversible où l’on pose cartes sur table, ou l’on joue quitte ou double au risque de se perdre.
« Répliques écorchées et impertinence désinvolte »
Se prêter à cette forme codifiée n’est pas sans risques d’écueils : filer la métaphore du créateur et de la muse notamment, ou encore du théâtre dans le théâtre. La maladresse serait effectivement de s’enfermer dans une mise en abyme peu judicieuse et de produire un tableau éculé pour drame préfabriqué. Ceci serait sans compter sur l’écriture de Diastème, ce ton à contre-courant qui alterne répliques écorchées et impertinence désinvolte.
Cela pourrait être un exercice de style jubilatoire, mais c’est beaucoup plus que ça. L’auteur va fouiller au confluent de la sincérité et du dérisoire, à l’endroit précis des retranchements et des angoisses. Ses dialogues sont pris sur le vif, entremêlant les anecdotes du quotidien et la gravité d’un choix capital. Mais, si le propos est sérieux, il n’en est pas moins empli d’autodérision et d’humour.
Diastème semble diriger ses acteurs de la même façon qu’il écrit, avec justesse et avec cœur, dans une émotion en montagnes russes. La dramaturgie est minimale, pour mieux saisir la teneur de l’instant. Quelques jeux de temporalité s’installent, quelques flash-backs, quelques complicités ou quelques restes, pour évoquer à quel point ces deux-là ont traversé ensemble le pire et le meilleur de leurs personnalités réciproques.
Andréa Brusque, beauté cristalline, irradie d’un bout à l’autre de la narration. Un rôle cyclothymique et à fleur de peau, investi en plan serré, pour une tragédie actuelle. Automate brisé citant Andromaque d’une voix blanche – la douleur anesthésie –, elle révèle les mots d’Hermione, leur dimension cathartique. Qu’elle soit mutine, orgueilleuse ou vulnérable, qu’elle oscille entre l’actrice recherchant l’attention et l’amoureuse blessée, il est difficile de la quitter des yeux.
Julien Honoré dévoile quant à lui un jeu tout en feu sous la glace, entre homme désemparé et ton buté d’enfant obstiné. Une performance en crescendo pour sortir progressivement de sa réserve jusqu’à faire craquer le masque et abandonner toute posture. C’est le dernier atout brandi comme une supplication, le moment ou le pathétique côtoie le grandiose, ou l’on ne peut qu’être éperdu, où l’on ne peut qu’être absolu.
« Les corps se rattrapent au vol »
Ils s’aiment comme deux artistes égocentriques, ils sont faillibles, névrosés, parfois insupportables, mais ensemble ils sont magnifiques. Surtout, ils s’aiment comme n’importe quel homme, n’importe quelle femme : en corps, et encore. Et quand les phrases tournent à vide, quand le sens s’évide et que l’échange devient un dialogue de sourds, ce sont les corps qui se rattrapent au vol, qui retrouvent la gestuelle intime du désir et de la complicité. Cela donne une pièce épidermique comme un frisson, où l’expérience intime et l’universel se côtoient avec évidence.
Les mots de Diastème sont des mots généreux. Ils ont cette dérision subtile qui nous fait sourire malgré tout, de nos peines, de nos ratés. Ils sont précieux pour leur capacité à retenir la beauté et à mettre en relief l’essentiel. Il faut aller voir cette Scène pour cela, mais aussi pour la performance charismatique et sans réserve d’Andréa Brusque et Julien Honoré. Du talent brut au service de la passion.
Aurore Krol
Les Trois Coups
http://www.lestroiscoups.com
(et en dessous, y a les infos, que je vous mets aussi)
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Une scène, de Diastème
Mise en scène : Diastème
Avec : Andréa Brusque, Julien Honoré
Lumières : Stéphane Baquet
Son : Thomas Lefèvre
Ciné 13 Théâtre • 1, avenue Junot • 75018 Paris
Site du théâtre : http://www.cine13-theatre.com
Réservations : http://www.3emeacte.com/cine13/Manifestations.aspx
Du 18 janvier au 3 mars 2012, du mercredi au samedi, à 19 heures
Durée : 1 heure
13,50 € | 16,50 € | 21,50 €
Lu dans « L’EXPRESS » sem du 25 au 31 janvier, article de Eric Libiot
ELLE ET LUI
« C’est une jolie petite pièce d’aujourd’hui, courte (1 heure) et légèrement grave. Une homme et une femme, lui, metteur en scène, elle, comédienne, se quittent et se souviennent, s’aiment et s’engueulent, et puis ne se quitteront plus, s’amusent plutôt de leur situation qui vire à l’absurde, mais se balancent tout de même des vertes, des pas mûres et des vérités. Où est-on? Dans une pièce, dans un jeu de miroir avec le réel? Diastème – un ami, précisons-le – a écrit le texte et l’a mis en scène à bonne distance, jouant intelligemment des allers-retours dans le temps et de la confusion des sentiments. Surtout, il s’appuie sur des comédiens formidables, Andréa Brusque, menue mais décidée, et le trop méconnu Julien Honoré, qui se promène toujours avec l’ironie au bord des lèvres. C’est juste, c’est fini, c’est bravo »
et au centre, il y a la très belle photo de Richard Schroeder (pléonasme one more time) de Julien et d’Andréa, face au public, assis à la table de la terrasse, 2 verres devant eux avec en légende :
« Julien Honoré et Andréa Brusque, un couple en pleine confusion des sentiments. »
Si la personne qui a le pouvoir suprême de modifier les posts avait la bonté de rajouter le titre de l’article de l’express que j’ai zappé comme une buse » Elle et lui », cette personne serait choupinette.
merci à la personne choupinette!
Allez hop, une autre critique de la pièce par Marie-Laure Atinault – 25/01/2012 ici : http://www.webthea.com/?Une-Scene, avec 3 belles photos des z’amoureux
UN PETIT BIJOU OU TOUT EST REGLE A LA PERFECTION
L’auteur de « La nuit du thermomètre », de « La tour de Pise » ou de « 107 ans » n’a pas son pareil pour nous entraîner dans la spirale cérébrale de ses personnages. La dernière pièce de Diastème est l’histoire tendre et pathétique d’un couple. Il est metteur en scène, elle est comédienne. Ils se rencontrent un peu par hasard, ils s’aiment par désir, ils restent ensemble un peu par nécessité. Ils se quittent, se déchirent car ils n’ont plus d’imagination pour leur couple. Moments choisis de la plus grande aventure humaine, celle qui n’a ni guide, ni manuel de survie, celle de la vie à deux.
Diastème a assuré la mise en scène, il fait parti de ces rares auteurs qui ont vraiment le sens de la scène et de la direction d’acteurs. Il avait repéré Andréa Brusque dans la mise en scène de Damien Bricoteaux de « La Nuit du thermomètre », car il aime que ses pièces vivent, qu’elles s’échappent de ses propres mises en scène. Ce travail, et la jeune comédienne avait séduit l’auteur. Andréa Brusque, frêle et têtue, dans une première scène difficile, déstabilise les spectateurs qui se laissent happer par l’émotion et la gêne puisque la jeune femme pleure. La proximité du plateau met les spectateurs dans la position du voyeur actif.
Si on avait aperçu Julien Honoré dans « Les Justes » d’Albert Camus monté par Diastème, ici il irradie une force sereine, de ces personnalités qui, telle une bombe à retardement explose et laisse leur empreinte longtemps après la déflagration. Faites attention, Julien Honoré est à la lisière du jeune premier romantique et d’un enfant de la nouvelle vague.
« Une Scène » est l’histoire d’amour d’un metteur en scène et d’une comédienne. Mais on se sent si proche des personnages, que l’on se demande parfois quand l’auteur a pu nous surprendre et mettre nos propres paroles dans la bouche de ses protagonistes ! Ce dernier opus de la saga « diastèmienne » est un petit bijou où tout est réglé à la perfection. Les lumières de Stéphane Baquet plongent les personnages dans les lieux multiples de leur voyage sentimental alors que sur scène une table et deux chaises sont les seuls éléments de décor. À noter le travail sur le son de Thomas Lefèvre, très discret mais qui soutien l’ambiance, de l’exaltation à la peine insondable. Ce spectacle rigoureux – à la forme presque ascétique, flamboyant dans les dialogues dont certaines répliques nous vrillent au coeur – est une « Scène » de vie et d’émotion qui nous laisse sa petite musique du coeur que l’on veut partager avec des amis.
La critique de la rédaction du Pariscope, par Marie-Céline Nivière ici : http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Salle-de-Spectacle/Spectacle/Une-scene-3056718/(affichage)/press, et si le lien fait des siennes, vous pouvez lire après les 2 points veticalement alignés :
« Une scène » est la dernière pièce de Diastème. C’est un véritable petit bijou où, dans un style littéraire des plus réjouissants, l’auteur dissèque un couple au bord de la rupture. Si les histoires d’amour finissent mal en général, elles peuvent aussi renaître de leurs cendres. C’est ce que nos deux héros vont découvrir. Mais avant, il leur faudra passer par des mots lancés souvent comme des bouées de sauvetage. Car derrière un reproche peut se cacher une profonde blessure. Ici, point de scène de ménage grandiloquente avec des cris, des exagérations. Au contraire, tout est dans la retenue, celle des âmes meurtries qui savent manier la dérision. Celle du désespoir comme de l’espoir. Plus que jamais on peut employer l’image de la petite musique tant elle est présente dans l’écriture de Diastème. Ce sont des notes qui montent, descendent, s’élèvent sur la partition des sentiments. Les deux comédiens l’interprètent avec énormément de finesse. Andréa Brusque est émouvante, charmante, coquine, mutine, désarmante. Julien Honoré, comme un double de l’auteur, avec ce phrasé plein d’humour, est tendre, malhabile, enfantin, touchant, désarmant. Dans un splendide jeu de lumières de Stéphane Baquet, la mise en scène de Diastème est d’une grande délicatesse. A ne pas manquer !
Critique postée par Angelique Lagarde le 1/02/2012 ici : http://kourandartavignon.unblog.fr/2012/02/01/une-scene-de-et-mis-en-scene-par-diasteme-au-cine-13-theatre-par-angelique-lagarde/
avec 6 invitations par soir à gagner du mercredi au samedi jusqu’au 11 février sur simple réservation à contact@kourandart.com. Valable dans la limite des places disponibles !
et critique copiée collée là ci dessous :
UNE SCENE
De et mis en scène par Diastème
Lumière de Stéphane Baquet
Avec Andréa Brusque et Julien Honoré
Au Ciné 13 Théâtre
Du mercredi au samedi à 19 h
LE JEU DE L’AMOUR ET DE LA MEMOIRE
Diastème, c’est la plume de l’amour, la plume de nos vingt ans. Souvenez-vous de la chaleur de cette Nuit du thermomètre où deux pré-adolescents connaissaient leurs premiers émois et de 107 ans où comment quelques années plus tard, l’adolescent en question se remît d’une rude séparation. Aujourd’hui, le couple a pris de l’âge, c’est peut-être le même jeune homme, peut-être un autre, mais c’est aussi notre histoire puisque nous avons tous un jour vécu ou assisté à Une Scène.
Tous les yeux sont braqués sur eux… Quelle inconvenance cet étalage en public ! Va-t-elle lui jeter son verre à la figure, va-t-il se jeter à ses pieds ? Voilà, maintenant que nous avons été posés d’office dans cette position de voyeur, nous avons envie de connaître l’issue de cette scène. Heureusement, nous sommes vite ramenés à la réalité, nous sommes sur un plateau de théâtre, tout ceci n’a rien de réel et ne nous concerne pas… enfin si peu.
Si pour certains, L’amour dure trois ans, chez Diastème, c’est l’œuvre d’une vie. La fin de l’enfance et les premiers émois étaient dans La nuit du thermomètre dont nous nous souvenons encore de la délicieuse prestation d’Emma de Caunes et Frédéric Andrau, les chagrins adolescents dans 107 ans, puis dans L’amour de l’art se dessinait une idylle plus adulte mais non moins compliqué où déjà l’amoureuse était comédienne. Oui, puisqu’Une Scène se joue ici entre une actrice et son amour de metteur en scène. De la mémoire, il en faut dans le métier, mais il semblerait que pour une femme et surtout à propos de sa propre histoire de couple, ce soit inné. Comment oublier le premier rendez-vous, les premiers jeux, la première dispute, la couleur de sa chemise ce jour-là ? Comment a-t-il pu oublier, cette date, ce lieu ? Voilà, le drame de la relation résumé.
Nous avions eu le bonheur de découvrir Andréa Brusque dans La petite robe de Paul de Philippe Grimberg dans la mise en scène de Frédéric Andrau. Sa fragilité apparente et son caractère bien trempé s’épanouissent ici dans toute la splendeur de cette jeune femme emplie de toutes nos contrariétés à qui les spectatrices avoueront vouloir voler quelques répliques bien senties. Diastème avait déjà employé Julien Honoré dans sa mise en scène des Justes d’Albert Camus et il a eu la bonne idée de réitérer. Il a de surcroît extrêmement bien fait de mettre en scène ses propres mots afin de nous donner à voir ce que nous jubilons d’entendre. Saluons enfin la très belle création lumière de Stéphane Baquet qui réchauffe les cœurs et les corps dans ces froides nuits hivernales.
Leur histoire, c’est la vôtre, c’est la nôtre. Nostalgiques des premières années où une intonation remettait tout en cause, célibataires qui cherchent ou non leur partenaire de jeu, amoureux d’un soir ou d’une vie… ce spectacle est pour vous, vous n’aurez jamais eu tant de bonnes raisons de vous faire Une Scène !
Et une de plus, youhou
Sur le site « Fousdethéâtre.com » de Thomas Baudeau, lisible ici : http://www.fousdetheatre.com/archive/2012/02/03/titre-de-la-note.html
ou de suite :
DIASTEME S’IMMISCE DANS LES MEANDRES DES RAPPORTS AMOUREUX…
Sincérité, authenticité, et sobriété : tels sont les maîtres mots de ce joli moment proposé au Ciné 13 Théâtre depuis le mois dernier.
Sur scène, un couple. La trentaine. Elle est comédienne. Il est auteur. Au lever du rideau, ils sont à la terrasse d’un café. Ils se séparent. Faisant des aller-retour avec le passé, nous reconstituons petit à petit l’histoire de ces deux amants, au fil d’instants d’intimité volés se déroulant la plupart du temps dans des lieux publics. Situations contraignant les protagonistes à éviter tout comportement excessif et à exprimer leurs émotions et sentiments (passion, colère…) à travers un calme et une sobriété simplement apparents et d’une fragilité extrême.
Personnages à la fois élégants et cashs, ultra cérébraux. Dialogues concis, denses, vifs et drôles. Jamais verbeux. Diastème, l’auteur, explore la complexité du sentiment amoureux et du couple avec subtilité, dépouillant son propos et sa mise en scène d’artifices trop théâtraux afin d’atteindre une vérité parfois troublante.
En Andréa Brusque et Julien Honoré, il a trouvé de beaux interprètes. Regards intenses chargés de sens, gestuelle épurée, le jeu est intelligent et cherche l’essence des personnages.
Simple, bref (moins d’une heure), juste et efficace.
Allez-y.
Nouvel avis, de Stéphane CAPRON – http://www.sceneweb.fr – 12/02/12
http://www.sceneweb.fr/2012/02/la-vie-est-une-scene-de-theatre-chez-diasteme/
Et en lecture directe de suite :
LA VIE EST UNE SCENE DE THEATRE CHEZ DIASTEME
La dernière pièce de l’auteur Diastème est une bonne surprise. On était resté un peu sur notre faim avec L’amour de l’art, présenté au Chêne Noir à Avignon en 2009 (avec Emma De Caunes), l’histoire d’une actrice en tournée, interprétant le rôle de Marylin Monroe. Dans Une scène Diastème reprend le thème du théâtre. La pièce raconte l’histoire d’un jeune couple : un metteur en scène (Julien Honoré) et une actrice (André Brusque). Cela débute par une scène de ménage. Le couple fait le point sur leur vie commune. Puis au fil de l’écriture, Diastème remonte le temps. On assiste à leur rencontre, la naissance de leur amour. « Un couple qui se fait une scène, c’est une finale de la Ligue des Champions sans champion, sans ballon, sans arbitre » explique Diastème. On assiste à ce jeu. Nous sommes les arbitres.
Une scène est une belle déclaration au monde du théâtre. Diastème cite Copi, Beckett, Marcial di Fonzo Bo, l’actrice répète Andromaque. La vie de ce jeune couple est un jeu. Leur vie est une scène. Leur vie est un théâtre. « J’adorerai ton foie, ta rate, ton intestin grêle » lui dit le jeune homme, pastichant Le Mépris de Godard. Diastème qui met en scène son texte, s’est entouré de deux jeunes comédiens talentueux et craquants : Andréa Brusque et Julien Honoré (le petit frère de Christophe). Un beau moment émouvant.
Et voici celle de « SPECTACLES SELECTION »? la lettre des amateurs d’arts et de spectacle
http://www.spectacles-selection.com/
Oui, c’est – enfin ! – dit, il l’a ob-sti-né-ment dans la peau. Enfin, parce qu’il faut qu’elle le quitte pour qu’il le lui dise, cet amour quasi nervalien de prince mélancolique. Et elle le secoue, le bouscule, le renverse au propre comme au figuré.
Beau ténébreux, Julien Honoré l’est sans conteste, dans la pudeur et l’ironie douce-amère de ceux qui ne savent comment exprimer l’intime de leurs sentiments. A trop fouailler ceux des autres quand on est écrivain, à trop mettre en scène leur comédie, on ne peut que se réfugier dans le silence même bavard, même caustique, de ses propres émotions. Et les citations des autres diserts en littérature sont un tel refuge contre la mise à nu, la mise à vie… De pirouettes verbales en cascades physiques, il ramasse la chaise dont elle l’a éjecté, il met en mots la douleur de son insupportabilité sans elle, il clame l’évidence de leur couple en amour fou.
Elle ? Comédienne sans fard ni voile, elle revendique son lot de tendresse quotidienne, dit la folie et la peur qu’il lui inspire parfois et dont il prétend rire. Envers et contre lui, au cerne de ses bras, Andréa Brusque pleure, rit, hurle, craque comme nous pour l’irrésistible amant, rit malicieusement et mène la danse !
Jalousies multiples, faux départs et vrais retours, on est en plein théâtre, Marivaux peut-être, le « vrai » et le « faux », la vie et la scène si entremêlées que le rendez-vous ultime réserverait bien quelque surprise… N’est pas maître du jeu qui le prétend, et les pyromanes savent si délicieusement jouer avec le feu…
Paru ce lundi 13/02/2012 dans « A nous Paris » que vous retrouvez là : http://www.anous.fr/data/viewer/paris/552/, c’est téléchargeable, c’est à la page 30. C’est écrit par Myriem Hajoui.
Et sinon, c’est lisible de suite :
« UNE SCENE » DE DIASTEME (note 4/5)
(jolie photo des amoureux avec en légende « Julien Honoré et Andréa Brusque : après trois ans de vie commune, une séparation entre rires et larmes. »
Vous appréciez Diastème ? Vous allez vous régaler. Ancien journaliste, cet auteur, réalisateur, chanteur, écrivain et metteur en scène a fait une entrée remarquée au théâtre en 2001 avec « La Nuit du thermomètre » (portée par ses 2 comédiens fétiches, Emma de Caunes et Frédéric Andrau), démontrant qu’il savait manier la langue, creuser les émotions et décrire les éclats minuscules qui constituent nos vies. Le garçon a du style. Et un univers : ce court spectacle le prouve.
Après trois ans de liaison, un garçon et une fille se sont donné rendez-vous dans un café pour ne plus… se donner rendez-vous. La rupture en public, une vieille lune ? Oui, on en a déjà vu cent fois, dans le drame ou la tragédie. Diastème réunit les deux de façon très personnelle. Trop exigeant et cabochard pour se plier aux conventions d’un scénario écrit d’avance, il a su en renouveler les codes : rien de chronologique ni de méthodique dans la narration, mais plutôt des fragments kaléidoscopiques donnant lieu à une trame éclatée.
Perdus, les deux personnages se souviennent de leur rencontre, se défient, s’affrontent, trinquent à leur échec, s’amusent même. Le récit se dérobe, puis revient, inquiet, au point de départ, court sur le fil entre présent et passé qui s’imposent par bribes. Le procédé du flash-back semblerait artificiel s’il n’y avait le naturel du style à la fois tenu et délié, mélancolique et détaché, avec lequel l’auteur évoque les larmes enfouies sous les crâneries. La tension tient autant au jeu des comédiens (Andréa Brusque tantôt mutine, tantôt chagrine, et Julien Honoré en homme touché et touchant) qu’aux glissements découlant de dialogues obliques et d’incises comiques.
C’est prenant, déroutant, précis dans l’exploitation de la musique (Thomas Lefèvre). Ce que l’on aime par-dessus tout, c’est cette façon de capter l’incernable de l’amour avec une alacrité et une empathie subtilement teintées d’ironie, que Diastème sait aussi distiller dans ses romans et qui nous rend sa pièce plus que précieuse.
Jusqu’au 3 mars, du mercredi au samedi à 19h au Ciné Théâtre 13, 1, av. Junot, 18e. M°Abbesses. Loc. :01 42 54 15 12. http://www.cine13-theatre.com. Places : de 12à 20 €. Pour nos lecteurs : 1 place achetée (20€) = 1 place offerte (réservation obligatoire + présentation du journal).
Nouvelle critique de Nicolas Arnstam
sur le site Froggy’s delight, en page d’accueil « notre sélection subjective à voir et à entendre… » qui propose 5 choix de sorties, tout art confondu, y a l’affiche de « Une Scène », et l’article est là : http://www.froggydelight.com/article-11562-Une_scene.html
et lisible de suite, avec 2 liens référencés vers « la Nuit du thermomètre » et « L’Amour de l’art », du même Nicolas Arnstam:
UNE SCENE, Comédie dramatique écrite et mise en scène par Diastème, avec Andréa Brusque et Julien Honoré.
Diastème, dont on connaît les talents de romancier et de scénariste, installe ici son couple sur deux simples chaises et le regarde évoluer.
Autant dire qu’il prend tous les risques et nombreux avant lui se sont ramassés. En l’occurrence, le seul à se ramasser (au propre comme au figuré), c’est le personnage masculin dans ce côte à côte plus que face à face.
Ils se sont aimés, s’aiment-ils encore ? Et lequel plus que l’autre ? Beaucoup de choses se jouent dans des silences tour à tour complices, gênés, tendres ou déserts.
Avec des dialogues léchés comme à l’habitude, ce couple de metteur en scène – comédienne aligne quelques phrases faussement banales et puis en arrive une, fulgurante, qui éclaire soudain toutes les précédentes.
Diastème c’est ça : l’art de l’esquive rotative. Il offre ici à ses deux interprètes, en nous surprenant à de multiples reprises par un flashback ou une pirouette, une partition de choix et un bel espace de jeu sublimement éclairé par Stéphane Baquet.
Eux ce sont Andréa Brusque, sensationnelle déjà dans la reprise de « La nuit du thermomètre » (http://www.froggydelight.com/article-5492-La_nuit_du_thermometre.html) du même Diastème mise en scène par Damien Bricoteaux, elle n’en finit pas de nous éblouir depuis et montre dans « Une scène » tout l’étendu de son art, passant du rire aux larmes avec une variété de jeu magnifique. Et vive, sincère et vibrante, nous régale de son talent.
Julien Honoré qu’on découvre avec bonheur est touchant dans sa fausse désinvolture désarmante. Il compose avec élégance un personnage maniant constamment le charme et l’autodérision.
Ce couple loin et proche à la fois, on ne sait pourquoi, nous touche infiniment. Une nouvelle fois, l’auteur de « L’amour de l’art » (http://www.froggydelight.com/article-7292-L_amour_de_l_art.html) son avant-dernière pièce ou « Le bruit des gens autour » au cinéma nous livre une belle variation sur l’amour et le théâtre, et l’amour du théâtre, dans un duo rythmé et intense dont l’apparente légèreté ne fait que masquer la délicate déchirure.
Une petite merveille.
Ce que Christophe Honoré en pense « Au Ciné 13, qui est un petit théâtre vers Montmartre, en ce moment, y a une pièce de Diastème, qui s’appelle « Une Scène » […] et très honnêtement, moi ça fait très très longtemps que je n’ai pas passé un moment aussi à la fois joyeux et émouvant […] en fait, ça s’appelle « Une Scène » car c’est un couple qui est en train de se faire un scène, qui décide de se séparer, et en fait il se trouve que c’est un couple de théâtre, pour le coup, puisque c’est un metteur en scène et une actrice, et donc sur ce terrain a priori très balisé, à la fois de la rupture et du rapport comme ça modèle-metteur en scène en fait, je trouve qu’il y a une modernité quelque chose de très très incarné et de très drôle, très cruel aussi en fait dans les rapports hommes-femmes et voilà, c’est pour ça que je ne peux que vous conseiller d’aller voir »