Au Moulin
Le Général Tioum n’était pas content. Je ne faisais rien de ce qu’il faut faire lorsque l’on tient un blog. J’avais tout faux. Il me fallait un recadrage. Aussi m’a-t-il intimé cet ordre : “Samedi tu viens avec moi au Moulin. Nous allons faire un séminaire. Et ce n’est pas discutable.”
Je n’ai pas discuté, je suis allé au Moulin.
Consulting le matin, rewriting le midi, prospecting le soir. Nous avons bien travaillé. Maintenant j’ai tout compris, je sais. Il faut que je parle énormément de sexe, et il faut que je mette les mots twitter, blog ou facebook dans les titres. Taux de reprise force 10. Vous ne connaissez pas le Général Tioum lorsqu’il intime un ordre, mais mazette. Et là il n’était pas content. N’importe quoi, je faisais. Maintenant c’est terminé.
Je me souviens, il y a quelques années, d’un papier d’Actuel qui m’avait bien fait rire : le titre en couverture était “Faxez la liberté en Chine !” En gros, l’idée, était d’envoyer un fax en Chine, pour inciter les dirigeants d’alors (les mêmes qu’aujourd’hui) à appliquer les droits de l’Homme chez eux. Je me souviens avoir beaucoup beaucoup ri, et pourtant j’aimais bien Actuel.
Ce papier est n’importe quoi, je préfère prévenir, mais j’ai le droit d’écrire n’importe quoi – tant que je mets twitter, blog ou facebook dans le titre.
Je suis allé au Moulin, c’est vrai, le Général Tioum était là, mais nous n’avons pas parlé prospecting, j’ai menti, nous avons regardé des biquettes, nous avons bu du vin rouge en pichet, nous avons assisté à un récital d’art lyrique (de très grande qualité), nous avons vu des chanteurs d’opéra bourrés jouer à la balle au prisonnier à la lueur de petites bougies, nous avons chanté “En Beauté” dans la pièce où a été composée “Le Tourbillon de la vie” – avec le Général Tioum au piano, nous avons joué au ping-pong en double avec des enfants blonds (qu’on aime beaucoup, mais blonds), nous avons mangé de la viande en sauce, lui a fait un tour de barque (pas moi, plutôt crever), nous avons été pris en photo par Maurice Pons (MAURICE PONS ! – Anna Rozen, tu te rends compte !? – l’auteur des “Saisons”, un des plus grands écrivains français vivants, quatre-vingt et quelques années, jeune homme vert en pull rouge), nous avons joué au badminton, nous avons appris une bien triste nouvelle, qui nous a bien plombés, nous avons respiré de l’air pur, nous avons pris des couleurs, nous avons marché dans l’herbe, nous avons gravi des rochers, nous avons beaucoup parlé, beaucoup ri, avec Charlotte (merci), Julie, Julie, Hélène, Marie, Damien 2 (le retour), nous avons rencontré Suzon (grand respect), nous avons voyagé en train sans billet, nous n’avons pas été contrôlés.
Eu égard à cette triste nouvelle, je ne dirai pas que ce fut un bon samedi, mais il y a eu des beaux moments, des belles rencontres, des chouettes hasards. Nous sommes déjà dimanche, hier me semble loin. Une semaine reprend, sans art lyrique, sans biquettes, sans ping-pong, mais avec d’autres choses, j’espère, de belles autres choses.
Je te jure, mon Général, dans un prochain papier je mettrai blog, twitter ou facebook en titre, et je parlerai énormément de cul. Là j’ai envie de parler d’amour, et de parler du Moulin d’Andé. N’importe quoi.
ADDENDUM/ Maurice Pons, “Les Saisons” (Éditions Christian Bourgois). Je fais le malin, là, mais je suis très touché, très très très très touché. Auteur culte, roman culte, lisez ça si ce n’est déjà fait.
quel bel endroit, une jounéé très déjeuner sur l’herbe , avec des jeun es femmes drôles et jolies. Il semble qu’un e mauvaise nouvelle ait un peu gâché cette harmonie. Jele regrette. Le sexe, il ne faut pas en parler, tous ces magazines, même le Nouvel Ob vous a breuvent de conseils, les hommes ont toujours l’air de looser dans leur histoire et la femme conquérante et menant le débat toutcrla est faux, archi faux,…crois moi ou pas. Mireille.
La pensée unique, non c’est pas bon, surtout dans ce bel endroit qu’est le moulin. José.
Echanson et Galopin sont dans un moulin….
J’ai enfin lu le couplet manquant de La Folle Complainte : paré, donc, pour la version complète à la prochaine occasion.
Faudrait peut-être que tu me le présentes ton Général! Pour l’instant j’ai juste remarqué que quand j’écrivais un commentaire chez toi, des badauds passaient par chez moi, c’est déjà ça!
T’embrasse.
Maurice Pons, un très grand monsieur… Respect total.
JLB