La minute papillon
Ce qu’il y a de bien, avec un journal, c’est qu’on n’a pas forcément besoin de s’en remettre à la dramaturgie, on n’est pas toujours obligé de trouver un sujet. C’est mieux qu’il y en ait de temps en temps, c’est vrai, mais on peut aussi se laisser aller, valser un peu, papillonner.
Hier soir, en regardant les Césars avec quelques amis, j’avais trouvé un titre de chronique qui me plaisait bien : “Paralysie labiale”. Bonne idée, bon sujet, j’avais pris quelques notes. Et puis ce matin, en me relisant, je me suis dit qu’il était plus sage d’écrire sur autre chose. Je n’ai pas envie de me mettre la moitié des comédiennes françaises de plus de 35 ans à dos, même si c’était assez effrayant à voir. Nous avons beaucoup ri, pour autant, en regardant ce jeu télévisé, beaucoup ri et beaucoup bu, et j’étais fier d’Antoine. Pour ce qui est des résultats, tout ça n’a pas la moindre importance, je m’en souviens déjà à peine, et demain, comme tout le monde, j’aurai oublié. Pour ce qui est de mon scooter, je suis retourné le chercher rue des Martyrs tout à l’heure. Plus de trois verres et je rentre en taxi. C’est une nouvelle résolution, ça et reprendre les chroniques, arrêter de fumer, et ne pas boire plus de trois verres quand je sors. Pour l’instant, oui, j’en tiens une.
Qu’ai-je donc fait de si notable ces trois ou quatre derniers jours ? Je suis allé voir Une pluie d’enfer, à la Pépinière, avec Olivier Marchal et Bruno Wolkowitch. Je n’ai pas regretté, je vous le conseille, c’est très très bien. Demain [nous sommes nuit de samedi à dimanche quand j’écris ce texte] je vais à l’Atelier voir la pièce de Koltès et Chéreau avec Romain Duris ; et la semaine prochaine, je ne sais pas exactement quel jour, j’irai voir celle avec Emma au La Bruyère. Pour quelqu’un qui renâcle à aller au théâtre, comme je l’écrivais la dernière fois, c’est trop.
Côté théâtre, encore, nous avons fini avec Salomé la petite pièce pour ses capsules. Ça peut être vraiment drôle, enfin j’espère, moi ça me fait rire. Et j’ai passé une après-midi entière à photographier une comédienne formidable pour réaliser une affiche de spectacle. C’est un genre de hobby que j’ai, j’adore faire des affiches de spectacle, et comme je ne dois pas être trop mauvais on m’en demande. Du coup j’ai quand même passé 48 heures sur Photoshop à retravailler des images, essayer des typos. J’adore faire ça, vraiment. Ça me rappelle quand j’étais “directeur artistique” d’Infos du Monde, le journal le plus laid de France. Je signais Patrick Audra. Patrick, parce que c’est mon vrai prénom, et Audra, parce que j’habitais avenue Audra, à Colombes, quand j’étais petit. Je me souviens que je tapais les articles directement dans la maquette, et quand l’article était trop court je grossissais l’image. Je touchais ma bille en Quark X’Press. Bon, quand je fais des photos, une affiche, ça n’a rien à voir, je me donne du mal, j’essaie de faire beau.
J’ai écrit un texte de chanson, aussi. Pour l’album de Valentine. La chanson s’appelle L’Échappée. La maquette qu’elle m’en a fait écouter hier était magnifique, je suis trop fier d’elle, je suis trop fan de Valentine (j’ai promis à Christophe de ne plus jamais utiliser le verbe “kiffer”, même pour rire, donc “j’adore”, “j’aime”, “je suis trop fan”).
Je n’aime pas tout pour autant, non. Mais je me dis qu’un blog, surtout en ces temps compliqués, surtout avec certains miens pas au top de leur forme, surtout avec toute cette détresse alentour, c’est surtout fait pour dire du bien, pour faire sourire. Par exemple, entre hier et aujourd’hui, j’ai vu en DVD Les Petits Mouchoirs et The Social Network. Eh bien, franchement, il y a un des deux films que j’ai adoré. Mais vraiment adoré. Et je ne vous dirai pas lequel, évidemment. Je vous laisse deviner.
Pour le reste j’attends. J’attends plein de choses. Mais comme je ne sais pas attendre (suivez un peu), je fais d’autres choses. J’attends d’une manière constructive. J’envoie des mails, beaucoup de mails, et des textos, beaucoup de textos, d’une longueur effrayante, soit le contraire du texto. Ça doit être chiant à lire, mais moi j’aime bien. Et je parle beaucoup au téléphone, alors que j’ai toujours détesté le téléphone. Et je vais à des rendez-vous. Mais les choses arrivent, prennent forme. La semaine prochaine nous allons retravailler quelques jours avec Olive sur son scénar. Il va le réaliser, ça va être un beau film. Les miens recommencent à s’agiter, les pièces aussi, le reste aussi. La vie recommence à s’agiter.
“Compte tenu du peu de temps, dont nous disposons, pour vivre et pour penser aux choses, je consacre un délai, à peu près correct, à ce papillon.”
ADDENDUM/ Je me rends compte que nous étions hier le 26 février et que j’ai oublié d’envoyer un message d’anniversaire à mon Boris. J’essaie de me rattraper de la sorte. Quant à ceux à qui je n’ai pas encore répondu, qui m’ont laissé de gentils messages, je tiens à m’en excuser dans le mouvement.