Touché
Encore un petit mot là-dessus et ensuite nous passerons à autre chose, nous reprendrons le cours des événements. Les témoignages qui m’arrivent – suite à la création de ce blog, suite à la sortie de ce livre, suite aux différents papiers ou critiques – me touchent énormément. Je n’ai jamais dénigré ce que j’ai fait dans la presse par rapport à ce que je fais, depuis, au théâtre, au cinéma, en littérature. Je n’ai jamais pensé comme ça, créé une échelle de valeur. Je dis souvent que je fais la même chose, depuis toujours, je raconte des histoires, je change seulement de support pour ne pas m’ennuyer. Avant d’écrire des chroniques, j’écrivais des chansons, que très peu de gens connaissent, et elles ont dans mon cœur autant de valeur qu’un film – même s’il faut un an et demi pour faire un film, et une grosse demi-heure pour écrire une chanson.
Charlotte me demandait si j’étais nostalgique, je ne crois pas du tout l’être, ma poupette. Sinon que cela me rappelle des amis, que je ne vois plus ou presque, comme toi, et de vous oui je suis nostalgique. Si ce livre n’était pas sorti je n’aurais pas reparlé de cette époque : j’ai la chance d’avoir des activités, des projets, je ne crois pas radoter beaucoup. Il m’arrive sans doute, un peu saoul, de raconter mes histoires de quand j’écrivais dans la presse, mes vieux Cannes, mes rencontres, mes anecdotes cuisantes – plutôt des bonnes histoires, je crois – mais sinon je parle d’aujourd’hui, d’aujourd’hui et de demain. J’ai une vie riche, variée, je fais ce que j’aime, j’ai beaucoup de chance.
Ces deux derniers mois, quelques personnes m’ont écrit en privé pour me dire que mon travail dans la presse avait eu un impact sur leur vie. Ce n’est pas un compliment mince, on ne dit pas ça souvent. On me l’avait déjà dit après la sortie de 107 ans, puis quand nous avons joué la pièce. Lettres et témoignages à chaque fois bouleversants, personnels, d’une intimité folle. Cela me rappelait quelques courriers que je recevais à 20 ans, des lettres de jeunes filles perdues, désespérées, qui se confiaient à moi, qui me demandaient une aide que je ne pouvais évidemment pas leur apporter, sinon en répondant d’un mot, la plupart du temps très banal, mais dont je pesais chaque syllabe.
Je ne prends pas ces témoignages à la lettre, cela me remplit de plaisir, pas d’orgueil. Le mien n’est pas placé là. Mais cela me touche vraiment. Se dire que toutes ces milliers d’heures, passées à s’acharner comme un tordu devant une machine à écrire ou un écran d’ordinateur, tous ces millions de mots alignés, n’auront pas servi à peau d’zob.
Je réalisais récemment une chose un peu étrange, que c’était la première fois de ma vie, depuis que je tenais ce blog, que l’on me lisait sur un écran, pas sur du papier. Il y a plus écolo que moi, vraiment, mais j’ai trouvé ça bien pour les arbres. Cela ne me dérange pas, en fait. L’essentiel est d’être lu, peu importe le support. De ma tête à ta tête, de mon cœur à ton cœur. Et là me viennent beaucoup de blagues, c’est le moment d’arrêter.
ADDENDUM/ Pour la double raison que tenir ce journal me prend déjà pas mal de temps, et que j’aime bien l’idée d’avoir une vie, j’ai décrété unanimement que je ne commenterai pas les commentaires – aussi bien ici que sur facebook. Donc ne le prenez pas mal. Sachez néanmoins que je les lis tous, qu’ils me touchent (voir titre), que je trouve certains d’entre eux très très drôles, et que vous ne pouvez pas me faire plus plaisir que de continuer à en faire.
PS/ Et merci pour la page “Doléances”, j’ai l’impression qu’elle est sauvée. Mais n’hésitez pas à y flatter le Général Tioum, on ne sait jamais, des fois qu’il change d’avis… Toujours se méfier des militaires.
Si tu commentes pas les commentaires, j’en fais pas…
Quand je lisais « 20 ans » je me disais vaguement que plus tard dans la vie je voulais être Diastème ou séduire Diastème et l’enlever ou les trois. Finalement, aucun effort n’aura été entrepris dans ce sens.
Je me souviens d’un article où il y avait des photos de comment étaient rangés les livres chez vous : empilés, et à terre.
J’y pense encore parfois en époussetant les miens sur leurs étagères.
c’est radio nostalgie ici.